Quelques mots prononcés par Karine lors de la dispersion des cendres au Jardin du Souvenir de Pleumeur Bodou
Papa,
Tu m’as dit vouloir que tes cendres soient dispersées dans la nature, proche de la maison.
Ici, dans ce petit coin tranquille,
Tu es au milieu de la forêt dans laquelle tu aimais tant te promener
Par beau temps, on y voit la mer, sur laquelle tu as souvent navigué. On y aperçoit même le phare des Triagoz
On y voit le sommet du Radôme, qui rappelle ton travail et la possibilité de se voir alors même qu’on est éloignés les uns des autres
On est proche de ce foyer qu’avec maman vous nous avez construit, dans lequel vous nous avez donné l’amour qui nous a permis de fonder à notre tour nos familles
On est dans ce village de Pleumeur Bodou, où tu as construit ta vie avec les autres, pour les autres aussi.
Tu nous a quitté au coeur de l’été, et le soleil a perdu son éclat.
Les jours, semaines et mois qui sont passées depuis ont été difficiles et douloureux
Mais nous sommes ici, aujourd’hui, ce 23 décembre
A quelques jours de Noël, la fête des enfants, que tu aimais tant afin de voir dans leurs yeux briller le bonheur
Aujourd’hui, quelques jours après le solstice d’hiver
Au moment où tout doucement les jours commencent à devenir plus longs, où la nature se prépare en secret.
Ici, aujourd’hui, selon ta volonté, nous dispersons tes cendres
Et celles-ci vont nourrir la terre
Et au printemps prochain, et à tous les suivants, tu seras là
Dans la pousse qui sortira du sol, dans le bourgeon qui éclosera sur l’arbre, dans le papillon qui sortira de son cocon, dans l’oisillon qui s’envolera du nid
Dans le vent qui pousse le voilier jusqu’aux Triagoz, dans la tempête brute et magnifique, dans le parfum des fleurs, dans la lumière du soleil couchant
Dans les souvenirs que nous avons de toi, dans le fond de notre coeur, là où tu as toujours été
Alors, ici et maintenant, partout et pour toujours,
Tu seras là, tu es déjà là.